Marcin Kroczak un kiteur prometteur

Lisez l’interview Marcin Kroczak

Nous avons reçu Marcin Kroczak et lui avons posé quelques questions sur ses projets. Marcin est au début d’une carrière prometteuse de kite foileur et a déjà réalisé le 2^ème temps de tous les temps sur le Ruban orange (Genève-Le Bouveret et retour). Son but actuel est de se qualifier pour les JO de Paris qui se dérouleront en 2024.

Marcin explique-nous comment tu es venu au kite foil.

J’ai toujours eu une affinité pour les sports de glisse nautique. J’ai commencé la planche à voile à 4 ans et en ai fait jusqu’au jour où j’ai vu des rigolos qui naviguaient avec un vent de 6 nœuds alors que moi-même je devais rester sur la plage en raison du manque de vent. Les rigolos en question étaient des kite foils. J’ai donc décidé d’essayer ce nouveau sport. Je pratique maintenant le kite depuis 5 ans, le kite foil depuis 3 ans et la compétition depuis 1 année.

Dis-nous un peu comment est construit un kite foil ?

L’engin utilisé est formé d’un cerf-volant (le kite), d’une planche et d’un foil. Le foil est relié à la planche par un tube (le mât) d’un mètre de long. Le kiteur pose ses pieds sur la planche stabilisés par des straps. Il tient à la main le kite qui est aussi fixé à son corps par un harnais. Le départ se fait dans l’eau ; le kite se gonfle, monte et le kiteur sort dès que l’ensemble a pris un peu de vitesse. Le kiteur se trouve alors 1 m au-dessus de l’eau, le foil seul assure la portance selon le même principe qu’une aile d’avion mais dans l’eau. Ce qui est intéressant, c’est qu’avec 6 nœuds de vent, le kiteur peut atteindre une vitesse de 30 nœuds. On ne va pas beaucoup plus vite quand le vent forcit et c’est plus risqué. En effet, les vagues peuvent nous faire tomber dans l’eau si elles touchent la planche et le vide d’air autour du mât crée des instabilités.

Nous utilisons des voiles de 21 m2, 15 m2, 11 m2 ou 9 m2 en fonction du vent. Ici sur le lac, plutôt les grandes et par 30 nœuds de vent la petite. L’enjeu pour nous est de transmettre la puissance du vent à la planche dans une direction horizontale, celle qui nous donne de la vitesse. Il y a aussi une force qui nous tire vers le haut ; par conséquent nous devons avoir du poids pour y résister. J’ai pris 10 kg ces 12 derniers mois, évidemment sous forme de muscle, ceci m’aide en plus à maitriser mon engin.

Explique-nous ce qu’est le kite foil olympique

Le kite foil olympique que nous appelons formula kite est une course de vitesse. La flotte est constituée d’une trentaine de concurrents. Le parcours est semblable à celui d’une régate de voile ; nous partons contre le vent jusqu’à la première bouée, puis faisons plusieurs allers-retours avec un bord de travers. Le tout dure moins d’un quart d’heure et il y a 4 manches par jour.

Comment se passe une journée d’entrainement typique ?

Il n’y a pas de journée d’entrainement typique. Nous sommes totalement dépendant de la météo. Je suis étudiant à l’EPFL en systèmes de communications en 3^ème année de bachelor. Dès lors, quand il y a du vent, je sèche les cours et pars m’entrainer sur le lac Léman ou le lac de Neuchâtel. De plus, une grande partie de ma progression se fait en régates internationales.

C’est un peu surprenant, mais le kite est un sport jeune, et sera pour la première fois sport olympique à Paris l’année prochaine. Cette promotion a dopé les performances et laisse encore de la marge de progression. En Suisse, il n’y a pas de structure d’encadrement pour la compétition de haut niveau. Je ne fais pas partie d’un club et n’ai pas d’entraineur. En fait, je suis mon propre entraineur. Pour progresser, je m’observe en vidéo, j’observe les autres que je copie éventuellement et écoute les conseils de mes amis. Au niveau psychologique, c’est ma maman qui me soutient. J’utilise la visualisation pour imaginer la course parfaite dans ma tête avant son déroulement. Je fais de la musculation 4 fois par semaine pour prendre du poids.

Parlons des JO de Paris, quels sont les prochains jalons ?

20 pays seront qualifiés, il y a un participant par pays. Le parcours est encore long et la sélection définitive aura lieu en avril 2024. Au niveau suisse, nous sommes 5 candidats. Pour progresser et marquer des points, je participe à des étapes de la coupe du monde. Mon but est de devenir le meilleur Suisse.

Et quelles sont tes forces pour y arriver ?

Je suis quelqu’un de calme et qui a envie de comprendre. C’est mon côté ingénieur qui sera précieux pour gérer la multitude : le choix et l’entretien de l’équipement, la stratégie, la météo, la nutrition, etc.

Il y a un truc dont tu es spécialement fier ! Veux-tu nous en parler ?

En effet, l’année passée mon ami Marius de Mourgues et moi-même nous sommes attaqués au Ruban orange, c’est-à-dire le record de vitesse sur le trajet Genève-Le Bouveret-Genève. Marius a passé en 3h40 et moi en 3h53. Nous en sommes très heureux, car étant partis d’un rêve, nous avons pu réaliser le tour du lac en un temps record, battant Hydros.ch qui avait réalisé l’exploit en 4h30. De plus, en temps absolu, Marius reste le plus rapide. Malgré un record tout récent du TF35, qui a parcouru la distance en 3h43.

Aussi, tout récemment, je suis monté sur le podium (2^ème place) lors d’une régate nationale sur le lac de Morat. C’est un plaisir de voir que l’entraînement paie et je suis plus motivé que jamais. Si cette interview vous a donné envie de m’accompagner dans mon aventure, n’hésitez pas à me suivre sur Instagram (@marcin_kroczak). Merci mille fois à Marine Pro pour le soutien et la confiance accordée.

Étant toujours à la recherche de sponsoring et de soutien financier pour alimenter mon projet, je me ferai un plaisir de répondre à toutes vos questions.

+41 79 939 53 04

marcin.kroczak@epfl.ch

Merci Marcin pour cet échange très intéressant et bon vent.